PROGRAMMATION 2023
Théâtre Les Salons, Genève
Du 3 au 5 novembre
La Fontegara – 3 novembre 20h
L’art de la diminution selon Silvestro Ganassi
Valerio Contaldo – tenor
Rodrigo Calveyra – flûtes à bec
Teodoro Baù – viole de gambe
Monica Pustilnik – luth
Ultérieurement, Ganassi publie deux autres traités, « La Regola Rubertina » (1542) et « Lettione Seconda » (1543), dédiés à la viole de gambe et au luth. Ce projet utilise les « instruments de Ganassi » (voix, flûte à bec, viole de gambe et luth), à fin d’explorer toutes les possibilités dans l’art de l’improvisation et diminution selon La Fontegara, en comparant sa façon de diminuer avec d’autres compositeurs de son époque.
Fontegara de Silvestro Ganassi
Le style de la diminution et Imitar il parlar
Dr. Dina Titan4 novembre 14h-16h
Le caractère unique et la complexité du style musical du traité Fontegara (Venise 1535) de Silvestro Ganassi soulèvent des questions quant à notre compréhension historiographique de la tradition de la diminution, et ont longtemps posé des obstacles considérables à la pratique moderne de l’interprétation fondée sur l’histoire. Le projet actuel encourage la coopération entre la musicologie et la pratique musicale, afin d’explorer et de comprendre la beauté délicate de ce style de diminution.
Elisabella, La doppia Regina
4 novembre 19h
Le Concerto di Margherita remonte le temps et visite les cours de Ferrare et de Mantoue à leur apogée : le règne d’Isabelle d’Este, l’arrière-grand-mère de Margherita Gonzaga qui a inspiré le nom de l’ensemble. Isabelle d’Este a su naviguer dans le présent du paysage politique de l’époque, mais toujours avec la conscience du passé et en s’inspirant profondément des histoires et des vers de l’Antiquité.
Isabelle s’inspirait de Didon, également appelée Elissa, la reine carthaginoise de l’Énéide de Virgile. L’identité présente de la duchesse se confondait souvent avec l’identité ancienne de Didon, comme c’est le cas dans une élégie écrite en latin par Baldassare Castiglione : « Quand elle chante et fait sonner de ses doigts l’ébène plaintive, / la belle Elissa tire ses sons du ciel ». Souvent, les noms d’Isabella et d’Elissa fusionnaient pour devenir Elisabella.
Un peu plus au Nord, à la demande d’humanistes allemands comme Conrad Celtis, d’importantes expériences furent menées sur la poésie métrique de Virgile et d’Horace, en les intégrant à l’homophonie contemporaine à quatre voix. En 1507 furent publiées les Melopoiae, probablement la première musique imprimée avec des caractères mobiles au Nord des Alpes.
Alors que les frottole illustrent la confiance en soi de la Renaissance italienne, les odes semblent emblématiques de l’esprit studieux des humanistes allemands. La distance mentale entre ces deux genres peut sembler immense à première vue, mais Conrad Celtis et les compositeurs d’odes comme Petrus Tritonius avaient voyagé en Italie, connaissaient bien le paysage culturel de l’époque, et l’on peut supposer que la pratique de la chanson italienne a pu inspirer la création de l’Humanistenode allemande.
À l’instar de la florissante vie de cour d’Isabelle, imprégnée de lectures et de représentations de textes d’auteurs classiques, les odes humanistes témoignent de la résurgence et de la revitalisation de l’Antiquité. Le Concerto di Margherita tente de faire revivre la splendeur du rinascimento qui, à son tour, s’inspire d’un passé encore plus lointain mais toujours très présent.
Johannes Ciconia. Un musicien flamand dans l’Italie du 15ème siècle
5 novembre 11h
Conférence de Michele Pasotti (en français)
La musique de Ciconia est un rayon de soleil, une lumière qui continue de briller 650 ans après sa naissance. Ses motets joyeux et solennels, les lignes mélancoliques de ses chansons, la clarté de la déclamation et la ferveur qui résonnent dans son Gloria et son Credo appartiennent au plus haut rang de l’art musical.
Les premières années de Johannes Ciconia sont plongées dans l’obscurité. Il est désormais largement admis que Johannes Ciconia, le compositeur que nous connaissons, est né en 1370 à Liège. En 1385, il est à la collégiale St Jean l’Evangéliste à Liège. La piste suivante mène à Rome. Dans une lettre du pape Boniface IX (avril 1391) il est dit que Johannes Ciconia était clericus capelle du cardinal Philippe d’Alençon, et en juillet de la même année une autre lettre atteste que Ciconia était revenu à Rome avec le cardinal après un voyage à l’Europe du Nord.
Ciconia a peut-être été liée à la chapelle papale car certains des musiciens qui ont servi le cardinal ont chanté plus tard dans la chapelle papale. Ceci est particulièrement intéressant car dans les mêmes années Antonio Zacara da Teramo, un compositeur proche de Ciconia pour certaines caractéristiques musicales, était à Rome et devint finalement le magister capellae du pape. Les années romaines auraient pu s’achever avec la mort de d’Alençon en 1397. Outre quelques musiques sacrées de nette influence zacharienne, le motet O Virum omnimoda, la fête de San Nicola, patron de Trani, peut être évoqué dans ce Période romaine. Le motet a peut-être été composé en 1394.
Le Ballet des Luths
5 novembre 15h
Casulana Lute Consort
Alice Letort, Luth soprano et alto
Emma-Lisa Roux, Luth alto, cistre and voix
Cornelia Demmer, Luth tenor et direction artistique
Talitha-Cumi Witmer, Luth basse
Dans ce programme, le Casulana Lute Consort emmène le public dans le monde de la musique pour consort de luths, à travers des arrangements de danses et d’airs de cour qui permettent de découvrir la musique française autour de 1600 sous un nouveau jour. La variété en densité et en affects des arrangements offre une expérience auditive riche et divertissante: le contraste créé par la différence de timbre entre le luth basse, le luth soprano ou encore le cistre, auxquels s’ajoute la voix, transporte les auditeurs dans un nouveau paysage sonore.
Le Ray au Soleyl
La musique de Johannes Ciconia,
Maitre de l’humanisme
5 novembre 17h30
la fonte musica
Alena Dantcheva, soprano
Francesca Cassinari, soprano
Gianluca Ferrarini, tenor
Efix Puleo, viole de bras
Teodoro Baù, viole da gamba
Michele Pasotti, luth et direction
La musique de Ciconia est un rayon de soleil, une lumière qui continue de briller 650 ans après sa naissance. Ses motets joyeux et solennels, les lignes mélancoliques de ses chansons, la clarté de la déclamation et la ferveur qui résonnent dans son Gloria et son Credo appartiennent au plus haut rang de l’art musical.
Les premières années de Johannes Ciconia sont plongées dans l’obscurité. Il est désormais largement admis que Johannes Ciconia, le compositeur que nous connaissons, est né en 1370 à Liège. En 1385, il est à la collégiale St Jean l’Evangéliste à Liège. La piste suivante mène à Rome. Dans une lettre du pape Boniface IX (avril 1391) il est dit que Johannes Ciconia était clericus capelle du cardinal Philippe d’Alençon, et en juillet de la même année une autre lettre atteste que Ciconia était revenu à Rome avec le cardinal après un voyage à l’Europe du Nord.
PROGRAMMATION 2023
Du 28 au 30 avril
À partir de 2023, l’ACMA se donne comme nouvel objectif de commander une œuvre pluridisciplinaire mêlant instrument(s) ancien(s) avec une discipline contemporaine : la danse, la composition, la poésie ou les arts plastiques.
Pour cette première année, l’ACMA a invité la danseuse genevoise Marthe Krummenacher, pour une création imaginée et proposée par Mónica Pustilnik autour des œuvres de Sylvius Leopold Weiss, un contemporain de Johann Sebastian Bach et inspirateur de ses plus belles pages pour le luth. Ses suites de jeunesse seront interprétées sur le luth baroque à onze chœurs, ornées par des improvisations et des doubles, documentés dans la recherche sur le jeu historiquement informé. Marthe Krummenacher a notamment travaillé sur le répertoire baroque avec la chorégraphe Noemi Lapzeson pour Passacaglia et Cantus/Plannus. Marthe Krummenacher proposera une danse qui s’inscrit dans le temps présent, tout en dédoublant l’espace et le temps, en miroir de ces œuvres contrapuntiques virtuoses. Geste instrumental et geste chorégraphique se rejoindront pour ne former qu’un, entre écriture et improvisations virtuoses.
Nous souhaitons continuer et développer notre projet pédagogique d’aide à l’insertion professionnelle des élèves d’écoles supérieures voisines de Genève (Bâle, Zürich, Lyon et Paris). Les retours des concerts du mois de mai 2022 ont été extrêmement positifs et l’enthousiasme que la proposition a suscité auprès des étudiant.e.s qui se sont présentés suite à notre invitation nous confirme notre ligne d’action. Trois mini-récitals d’étudiant.e.s en solo ou en musique de chambre seront à nouveau accueillis.
La luthiste Evangelina Mascardi nous donnera une masterclass puis présentera ensuite son enregistrement de l’œuvre complète pour luth de Jean-Sébastien Bach.
Dans la continuité de ce travail, Anna Kowalska et Anton Birula nous proposeront une conférence ainsi qu’un programme autour des œuvres de Bach transcrites par leur soin afin de nous faire découvrir des cantates, des motets et des sonates sur deux instruments qui dialoguent et s’entremêlent.
Du 28 au 30 avril
Exposition de Vincent Flückiger
Mónica Pustilnik e
28 avril – 20h
Le salon de Ninon
Marthe Krummenacher – danseuse
Monica Pustilnik – luth et direction artistique
Carolina Acuña, assistante à la dramaturgie et à la mise en scène
Zoé Vauconsant et Sacha Michon, voix enregistrées
Rodrigo Carrizo Couto, œil complice, photographie et vidéo
Synopsis
Anne – dite “Ninon”– de Lenclos (1620-1706) est une des figures féminines les plus illustres de la France du XVIIe siècle. Femme épicurienne et d’une grande indépendance d’esprit, elle a bien souvent marqué les pensées des siècles suivants par l’aspect sulfureux de sa philosophie. Son amitié et sa présence étaient recherchées par les personnalités plus importantes de l’époque (Louis XIV, la reine Anne d’Autriche, Molière, la reine Christine de Suède, etc.), avant tout pour jouir de sa conversation, de ses opinions originales et en avance sur leur temps, de son goût et de son talent pour les arts. Sa finesse de pensée fera basculer bien des détracteurs en sa faveur.
Son père, Henri de Lenclos, Gentilhomme de Touraine, s’occupera personnellement de l’éducation de sa fille. L’homme était un luthiste parmi les plus talentueux de l’âge d’or du luth qu’est alors ce XVIIe siècle français : Mersenne, dans son Harmonie Universelle, le cite aux côtés des plus grands musiciens de l’époque. Ninon était entre de bonnes mains pour parfaire sa formation artistique. Dès son jeune âge elle sera d’ailleurs reconnue à la cour comme excellente luthiste et danseuse de grand talent.
Dans la deuxième partie de sa vie, Ninon de Lenclos tiendra un salon à la rue des Tournelles, dans le Marais. Ce sera le lieu par excellence où se produiront les meilleurs artistes de l’époque : Racine, Lully, La Fontaine, Molière… Mais aussi Denis Gaultier, le célèbre luthiste de La Rhétorique des Dieux, qui composera un tombeau sur la mort de son père.
Par son intelligence et ses positions face à la société de l’époque, notamment sur la place de la femme, Ninon de Lenclos apparaît comme une précurseuse des Lumières, annonçant les réflexions des grands penseurs du XVIIIe siècle : elle a connu le jeune Voltaire et, impressionnée par son intelligence, lui laissera une grande héritage pour qu’il puisse s’acheter des livres.
Le Salon de Ninon, spectacle créé pour le festival Le Luth enchanté par Mónica Pustilnik et Marthe Krummenacher (Prix national suisse de danse 2019), est une évocation de cette femme admirable, de son indépendance, de sa finesse d’esprit et de l’aspect frondeur qui ne l’a jamais quittée. Les deux artistes y créent une osmose dans laquelle musique, texte et danse se répondent, s’entremêlent, échangent leurs rôles…
29 avril 2023, 9h-12h et 13h30-15h30
Masterclass publique et gratuite
Evangelina Mascardi
5 étudiantes et étudiants seront sélectionnés pour participer à cette masterclass
Née à Buenos Aires en 1977, elle y a obtenu une maitrise en guitare classique et a commencé très jeune une carrière de soliste. Dès 1997, elle s’est consacrée au luth, étudiant sous la direction de Hopkinson Smith à la Schola Cantorum Basiliensis où elle a décroché son diplôme de soliste en 2001.
Pendant plus de dix ans, elle a participé en tant que continuiste à de nombreuses productions sous la direction de plusieurs chefs, parmi lesquels Jordi Savall (Hespèrion XXI), Marc Minkowski (Les Musiciens du Louvre), Giovanni Antonini (Giardino Armonico), Chiara Banchini (415), Simon Rattle (Berliner Philharmoniker), Andrea Marcon (Venice Baroque Orchestra), avec lesquels elle a enregistré plus que 30 disques. Depuis, elle a restreint sa collaboration à l’Ensemble Zefiro (Alfredo Bernardini) et Monteverdi Choir (Sir John Elliot Gardiner) pour se vouer principalement au répertoire en solo.
Accueillie par des critiques chaleureuses, Evangelina s’est produite, en tant que soliste, dans nombre de festivals de musique baroque (Fringe (Barcellona), Concentus (Brno), Resonanzen (Vienna), Luth et Theorbe (Genêve), Early Music Festival (London), Festival de Musica Antigua (Daroca), Forum Musicum (Breslau), et de guitare (Treviso, Santander, Castell’Arquato, Pordenone).
29 avril 2023 de 16h à 18h30
Trois mini-concerts dédiés aux étudiants des hautes écoles de musique de Genève, Bâle, Zurich, Lyon et Paris.
Depuis 2022, l’Association des Concerts de Musique Ancienne de Genève propose aux étudiantes et étudiants en luth et théorbes de la Schola Cantorum de Bâle, de la Haute École de de Musique de Genève, de la Haute École d’art de Zurich, des CNSM de Paris et de Lyon, de roder une partie de leur programme de fin d’études, de bachelor ou de master.
L’ACMA souhaite accompagner ces artistes en leur proposant un cadre de concert professionnel pour y donner leur programme de récital et / ou de musique de chambre devant un public composé de mélomanes, de professionnels et de collègues afin de leur permettre un retour d’expérience constructif, en amont de leurs examens qui auront lieu quelques jours plus tard.
Afin de permettre au plus grand nombre de personnes d’assister et de soutenir chaleureusement ces artistes talentueux, ces mini-concerts sont en entrée libre.
29 avril 2023 – 20h
Concert Luteduo – BACH VISIONS
Anna Kowalska & Anton Birula – luths à 13 choeurs
Bach et le luth est un sujet plein de mystère, d’incertitude et de discussions sans fin. Il est évident que le son spécifique du luth a toujours été un sujet de fascination pour le grand compositeur. La discussion constante pour savoir si les œuvres pour luth ont été écrites pour Das Lautenwerk, le clavecin pour luth ou pour le luth lui-même est sans fin.
Le luth a toujours fasciné J. S. Bach. Outre les œuvres pour luth, il l’a même utilisé dans de grandes compositions comme le Trauer-Ode, la Passion selon Saint Jean et Saint Matthieu. La sonorité de l’instrument est unique par sa sincérité, sa distinction et sa fragilité à la fois.
La musique de Bach reste toujours un grand défi pour le luthiste en raison de sa complexité musicale et technique ainsi que d’une spéculation constante concernant le choix de l’instrument.
30 avril 2023 – 15h
Conférence Luteduo – Élargissement du répertoire du luth – l’enjeu de la transcription
Conférence d’Anna Kowalska & Anton Birula sur la transcription des œuvres de Bach en duo dans le cadre de leur concert BACH VISIONS du 29 avril à 20h au Théâtre Les Salons
Anna et Anton se sont réunis pour attirer l’attention sur le répertoire longtemps négligé du duo de luths baroques. Unis par cette fascination mutuelle, ils ont voulu contribuer à faire la lumière sur la musique qui a été écrite au cours des dernières heures crépusculaires de la brillante histoire du luth. Ils ont été les premiers à interpréter et à enregistrer les compositions pour duo récemment découvertes de François du Fault et les transcriptions des compositions pour duo de viole de gambe de Marin Marais pour deux luths baroques. Cela a donné lieu à un programme « Duos de luths baroques » qui est sorti en CD en 2002. Plus tard, ils ont commencé à travailler sur un répertoire en duo pour d’autres combinaisons d’instruments historiques à cordes pincées, notamment la guitare baroque et le théorbe.
30 avril 2023 – 17h
Récital d’Evangelina Mascardi
Les sept compositions communément appelées œuvres pour luth de Johann Sebastian Bach, malgré plus d’un siècle de recherches, ne semblent pas vouloir dévoiler complètement le mystère de leur naissance, de leur véritable destination instrumentale et de l’idée que Bach avait de l’instrument, qui, dans sa dernière évolution organologique, continuait, après près de trois siècles de gloire, à recevoir l’attention de la plus haute lignée musicale. La seule certitude est qu’elles sont effectivement de Bach, et non pas des œuvres apocryphes comme presque toutes celles qui se trouvaient dans le Vol. 45 de la première « Bach Gesellschaft », publiée en 1897, lorsque les œuvres du luth avaient été imprimées pour la première fois.
Au cours du XVIIIème siècle, le luth affronte, dans presque toute l’Europe, une phase de déclin qui le conduira vers sa disparition définitive de la scène musicale à la fin du siècle. Au contraire, en Allemagne, il connut une fortune imposante qui fut le présupposé de la naissance du plus important legs allemand à la littérature concernant l’instrument. La magnifique école de luthistes allemands du XVIIIème siècle, qui est une dérivation directe de l’école française du siècle précédent, dont elle adopte l’accord nouveau (en ré mineur dans les six premiers chœurs des aigus, puis sept chœurs diatoniques dans les basses accordables selon la tonalité), fut riche de virtuoses et inclut des noms qui allèrent bien au-delà de la simple réputation locale, surtout celui de Silvius Leopold Weiss (1687-1750). Il est donc naturel qu’un musicien du niveau et de la sensibilité de Bach s’intéresse à l’instrument, d’autant plus qu’il se trouve plusieurs fois en contact avec des luthistes de grande envergure.